Après avoir donné à entendre différents programmes de musique baroque au gré de nombreux concerts, nous avons souhaité nous éloigner de la forme du récital traditionnel pour aller explorer une nouvelle manière d’être en scène et de partager cette musique. C’est ainsi que nous avons fait appel à Benjamin Athanase qui nous a précieusement accompagnées dans toute la conception de ce projet et c’est collectivement, par un travail de recherche minutieux, que nous nous sommes plongés dans les épineuses questions inhérentes à la représentation des femmes dans l’art lyrique de cette époque et à la domination masculine dont elle est imprégnée.

 

Dès lors, une autre problématique sous-jacente s’est imposée devenant ainsi le socle de notre proposition, à savoir : Que faire des œuvres du passé dans lesquelles les paroles de femmes sont conditionnées par la domination des hommes ? Comment les représenter ? Comment faire de cela de « l’art-vivant » ?

 

Ce questionnement qui est au cœur des débats actuels sur l’art et le patrimoine, est devenu notre épicentre, transformant ainsi notre proposition en un laboratoire d’expériences sismique et engagé. La question du « représentable » s’est invitée dans la représentation elle-même et ce prisme de recherche s’est avéré très stimulant. Elle nous a conduit vers une forme brute pouvant se déployer dans tout type d'espace et d'agencement scène-public pourvu que l'environnement sonore et acoustique s'y prête.